31 January 2007 | 20:11
En route au 70 a 6 noeuds
Vous aurez compris au vu de notre trajectoire qu’apres cinq jours a remonter les alizees, puis une semaine a eviter les depressions, nous sommes maintenant bien rentres sous l’anticyclone des Acores. La mer s’est calmee, et la route consiste a present a jouer a cache-cache avec le vent, et a eviter les zones de calme plat. Nous faisons de notre mieux pour profitter du moindre souffle pour avancer, et c’est parfois un peu stressant de pourchasser le vent. L’avantage, c’est tout de meme que la vie a bord est nettement plus aisee.
Quelques voix se sont elevees recement sur ce blog – majoritairement feminines – qui s’inquietaient de l’hygiene a bord. J’aimerais ici mettre un terme a ces suppositions gratuites et tordre le coup a ces idees recues sur la vie quotidienne de quatres hommes dans un bateau. Sachez donc que l’hygiene du bord est une preoccupation de tous les instants, et que (presque) tout est fait pour maintenir le bateau dans le meilleur etat de proprete. Tout d’abord, n’oubliez pas que notre environnement est extremement sain. Bien loin des pollutions urbaines, l’air iode nous maintient en forme. Ensuite, menage et rangement sont non seulement une habitude mais aussi une necessite pour ne pas perdre, mouiller ou casser des affaires au moindre coup de gite. L’eponge amoniquee (distincte de celle des toilettes et de celle de la vaisselle…) est ainsi passe tous les matins dans les fonds du bateau. Et quand le dernier leve emerge de sa bannette, une douce odeur de fraicheur flotte agreablement dans la cabine. Pierre et Denis sont les grands artisans de cet interieur de bonne tenue.
Quand a notre hygiene personnelle, je ne m’etendrai pas dans les details, mais je prefere vous donner deux exemples qui montrent bien a quel point nous en sommes soucieux, et que cela va bien plus loin que “le bout de notre nez”. Tout d’abord, nous pouvons aller jusqu’a prendre un bain PLUS une douche dans la meme journee. Ainsi hier soir, apres le diner, Jerome fait un tour d’inspection du bateau et constate que l’etrier avant qui maintient le bout dehors est legerement fissure. Par prudence, nous decidons donc d’affaler le gennaker pour la nuit, en attendant d’y voir plus clair et d’avoir l’avis de Gwench’lan. En enroulant le gennaker, la contre-ecoute part un peu a l’eau, et le vent tombant completement, le bateau cule de quelques metres, Il n’en faut pas plus pour que cette contre ecoute aille faire un tour autour du safran, et se coince entre la coque et le haut du safran. Me voila donc en maillot de bain, dans la nuit noire, alors que tout le monde est en bottes et en cire… Brrr… un petit frisson en rentrant dans l’eau, j’espere que les requins sont au lit a cette heure la. Le bout est vite demele, et apres ce bon bain du soir, j’ai droit a une douche + shampoing avec le reste de l’eau de pluie recoltee la veille sous la grand voile. Et me voila tout propre pour aller me coucher.
Nous faisons egalement tres attention a notre hygiene bucco-dentaire, en employant les grands moyens s’il le faut. Ce matin, Denis s’est donc nettoye les dents d’une grande lampee de gazole, apres une gorgee d’huile d’olive (pour le gout). Une petite gousse d’ail pour l’haleine, puis il a poursuivit par un lavage au cif, avant de parfaire le brossage par du dentifrice et un rincage a l’eau minerale. Il faut reconnaitre que le but premier de l’operation etait avant tout de siphonner un bidon de gazole pour refaire le plein de notre reservoir…
Nous sommes donc bien occupes a bord, mais il nous reste heureusement du temps pour profitter de notre environnement. Nous voyons frequement des dauphins ces derniers jours. La nuit derniere, dans la petole, c’est meme leur souffle que l’on entendait le premier, quand il font surface pour respirer et qu’ils semblent nous murmurer quelques mots. Pour les amateurs d’oiseaux, nous croisons assez souvent des puffins (Arnaud, si tu nous lis, je te laisse trouver le nom latin, nous n’avons pas a bord de guide des oiseaux…), mais ils ne s’interessent pas beaucoup a nous et preferent planner au creux de la houle, jouant des courants ascendants au dos des vagues. Nous avons vu une mouette (ou un goeleand ?) aujourd’hui, mais c’etait la premiere de la traversee. Parfois des oiseaux blanc avec une tete assez massive et carree (des petrels ? je ne suis pas sur…). Et de petits oiseaux noirs au creux des vagues. Etonnant de les voir si loin de toute terre, ils ont de la route a faire avant de pouvoir pondre un oeuf…
Pour repondre a d’autres questions, sachez qu’un plat avec de l’ail, c’est simplement… bon ! C’est le basque du bord qui vous le dit. Et que le Schmilblick : – ne s’enrole pas, ne se plie pas, ne coulisse pas (mais on peut coulisser dessus), – est souple et non pas dur, synthetique et pas naturel, – qu’il est solidement lie au pont du bateau, c’est tres important pour qu’il remplisse son role.
Enfin, la bonne nouvelle du jour, c’est le retour de la girouette et de l’anemo ! Ils nous avaient abandonne des le premier jour, a la premiere vague qui avait un peu secoue le bateau, et ils refusaient de nous donner la moindre information. Puis quelques jours plus tard, dans un coup de vent, ils avaient pris un petit air penche qui nous inquietait. Mais le temps ne permettait pas de monter en haut du mat. C’est chose faite depuis cet apres-midi, apres une petite excursion a 19m d’altitude. Ca paraitra bien modeste aux montagnards, mais je vous assure qu’on y ressent drolement bien le moindre mouvement du tangage du bateau… Nous voila avec la force et la direction du vent aux instruments, ce qui nous permettra par exemple de regler le pilote sur l’angle a tenir par rapport au vent et non pas simplement sur un cap compas.
A bientot,
Guillaume, pour l’equipage de Tchuda Popka
[Sent from: 34.595,-33.912]
Jerome Samson
30 January 2007 | 18:56
En route au 45, a 5 noeuds dans la petole sous GV pleine et gennaker
Le mardi c’est raviolis, mais seulement a terre ! Pour nous aujourd’hui c’est petole, et qui dit petole dit grande bouffe… N’est-ce pas Gwen ? Tes bolinos parmentier sont toujours bien au chaud dans la touque “A n’ouvrir qu’en cas d’extreme urgence”. Ce midi, legumes frais en salade (apres 15 jours de mer, assez incroyable, non ?), et pendant ce temps la, Denis petrissait et cuisait son pain a la cocotte, patiemment ! On a bien fait de prendre de bonnes reserves d’alcool a bruler pour le rechaud ! Le pain d’aujourd’hui a l’air vraiment excellent, le premier avait un peu crame, mais c’etait un premier essai du mitron pour prendre en main son fournil !
Ce soir, on tente les bananes plantain, en omelette, ca devrait etre pas mal, elle commencent tout juste a murir ! On vous relatera ca ulterieurement et avec force details !
Cote lignes a l’eau, toujours pas de prise digne de ce nom. On s’est seulement amuses a recuperer un beau pare-battage tout neuf qui derivait gentiment, mais il n’a pas l’air tres comestible, et les anatifes qui poussaient dessous encore un peu jeunes !
Sinon, vous l’aurez compris, tout va bien a bord, le moral est excellent, et la meteo bien que capricieuse, nous permet de bien recharger nos batteries. Normalement on devrait toucher du vent portant en fin d’apres midi, et relancer un peu notre progression vers l’est.
Cote Schmilblick, on va garder un jour de decalage avec les questions de la classe de Marie-Anne, ca nous permettra d’affuter nos reponses en fonction de l’avancement ! Pour repondre aux questions d’hier soir : non le Schmilblick ne se trouve pas sur la table a carte (il y en a un dans le cockpit, pour ceux qui suivent) et ce n’est pas un radar. Mais en parlant de radar, on a eu l’occasion plusieurs fois de se servir du notre pour verifier que les cargos que nous apercevons assez regulierement etaient bien hors de notre route : sur l’ecran du radar on les voit tres bien, et on peut mesurer a quelle distance ils se trouvent. On fait ca deux fois a 10 minutes d’intervalle, et si la distance augmente, c’est bon ! Sinon, il faut faire quelque chose : les appeler a la radio, et aussi maneouvrer pour changer notre route.
On n’a pas encore rencontre de porte-containers en mer, en tout cas on n’en a pas vu clairement. On a surtout vu des petroliers ou chimiquiers. Et meme lorsque nous etions dans le gros temps il y a quelques jours, nous n’avons pas vu ou entendu a la radio de marins en difficultes. Merci a toute la classe de Marie-Anne pour ses questions et encouragements repetes, nous aussi on pense a vous : Travaillez bien avec votre super maitresse !
Pour la question de Jacques sur la houle, Guillaume est actuellement a la barre et reprendra ses calculs de mecanique des fluides apres. Quant a moi, ma reponse est empirique : 10 /12 noeuds ca passe bien, 16 on risque de se replanter dans la vague de devant ! Est-ce que j’ai gagne une tartine de Nutella ?
Bon allez, en parlant de Nutella, je crois que je vais aller voir ou en sont nos stocks !
Au passage, nous avons fait une petite serie de portraits, pour que vous puissez admirer nos mines rejouies et nos barbes fleuries !!
A tres bientot
Jerome et l’equipage de Tchuda Popka 2
[Sent from: 33.4567,-35.505]
Jerome Samson
29 January 2007 | 19:39
En route au 10 a 5 noeuds
Un des avantages de cette traversee, c’est que nous avons le temps de suivre etape par etape l’evolution des phenomenes meteo. Dans les dernieres 48h par exemple, le vent a quasiment fait le tour du bateau. Nous etions au grand largue, tribord amures (avec un s, n’est-ce pas Emilie 😉 il y a deux jours, puis nous avons empane dans la nuit. Apres quelques bonnes heures de portant, le vent a refuse de plus en plus. Et depuis cette nuit nous voila de nouveau au pres, on envie le confort de Jangada. Avec un virement ce midi, nous revoila tribord amures, la boucle est presque bouclee.
Pourquoi tous ces changements alors que nous essayons d’avancer dans la meme direction ? Le responsable est le bel anticyclone sous lequel nous nous sommes glisse. Le barometre enregistreur nous a dessine une sorte d’Everest, et est monte jusqu’a 1030 hPa. La pression est forte sur nos epaules, l’afflux d’oxygene est euphorisant… Et cela devrait meme nous faire avancer plus vite : les bouquins de meteo expliquent que quand la pression est forte, l’effort du vent est plus important pour une meme vitesse. Mais nous n’en sommes pas encore a ce niveau de detail pour tracer notre route !
Il est toujours decevant de compter le nombre d’objets a la derive que nous trouvons sur notre route a 500 milles de la terre la plus proche : morceau de polystirene, amas de cordage, un gros bidon metallique, une bille de bois, un jerican en plastique, des vieux papiers… A bord, nous nous efforcons d’etre le plus propre possible, et de ne jeter a la mer que de objets non polluants qui puissent couler ou se degrader rapidement. Malheureusement, tout le monde n’en fait pas autant.
Heureusement qu’on ne croise pas que cela. Quelques oiseuux de temps a autres, un puffin, un autre petit oiseau noir ce matin, et trois dauphins qui m’ont tenu compagnie pendant un quart d’heure dans les reflets du soleil levant. Et puis la peche du jour : ce n’est pas un requin, ni un thon, ni meme un poisson volant, mais… une crevette ! Heureusement que nos reserves de vivres sont encore plus que consequentes.
Merci a Justin, 16 mois, Yannig (360 mois), au club de voile du college les Dagueys a Libourne, et a tous les autres pour vos encouragements. A bientot,
Guillaume, pour l’equipage de Tchuda Popka
[Sent from: 31.816,-35.980]
Jerome Samson
28 January 2007 | 20:42
En route au 75 a 7.5 nds (le vent a molli un peu, et on fait la vaisselle avant de renvoyer un peu plus de toile)
Pour feter dignement ce second dimanche a la mer, quoi de mieux qu’un bon repas ? A notre tour de proposer une recette. Confit de canard et ses pommes en robe des champs, au Saint-Emilion, pour 4 personnes (doses de haute mer). Prenez 24 belles petites pommes de terre, ne les epluchez pas mais cuisez les plutot a la vapeur (10 min quand ca siffle). Ouvrez les boites de cuisses de canard confit, prelevez la graisse, que vous mettez dans la cocotte, pendant que les pommes de terre refroidissent un peu. Et hop ! 4 gousses d’ail a blondir dans la graisse de canard chaude, recouvertes peu apres par les pommes de terres cuites coupees en quatre (toujours dans leur peau). Laissez dorer le tout 10 minutes, lorsque l’ail vous le dit, c’est cuit. Ajoutez alors sur le dessus les cuisses de canard, et laissez-les se rechauffer tendrement sur leur lit de pommes de terre. Servez tres chaud, accompagne d’un Saint-Emilion Grand Cru Classe, c’est excellent, et ca calme meme les marins les plus rudes ! Au passage, nous vous recommandons le Chateau Gueyrosse Grand Cru (Libourne), vous pouvez ecrire de notre part a Yves Delol gueyrosse@free.fr, qui reservera le meilleur accueil a vos demandes ! Seul point un peu difficile, on n’a toujours pas trouve comment allumer le chauffe-eau pour l’evier double bac de nos reves, alors on fait toujours la vaisselle a l’eau de mer froide, et pour le gras de canard, c’est un peu rude ! Ceci dit, Gwen, on en a profite pour demonter les winchs et les regraisser a la graisse bio !! Tu verras ils tournent du tonnerre, et en plus ca sent le sud-ouest quand tu hisses la GV…
Au terme de ces 2 premieres semaines de mer, nous sommes maintenant arrives a mi parcours, a vol de fregate. Seulement il nous a fallu faire un grand detour par le nord, pour sortir de la zone des alizes d’est et rejoindre les vents portants d’ouest au niveau du 30e parallele. Nous sommes maintenant a 1570 milles de Pointe a Pitre, 600 milles des Acores, 1500 milles des cotes portugaises, 1900 milles de Lorient… Et 1800 milles de NYC, desole Erika, finalement on va pas pouvoir venir te faire coucou cette fois-ci !
J’ai essaye de faire un petit tableau de marche, pour voir un peu quelles ont ete nos vitesses moyennes. La colonne du milieu indique le nombre de milles parcourus, et celle de droite la vitesse moyenne. Les durees prises en compte ne sont pas toujours exactement de 24h, etant donne que nous ne notons pas notre position a heure tres fixe…
- J1 78.0 6.41
- J2 174.5 6.69
- J3 153.6 7.20
- J4 153.8 6.17
- J5 118.6 4.94
- J6 221.2 8.02
- J7 145.9 7.33
- J8 111.5 5.62
- J9 195.5 7.93
- J10 95.4 4.32
- J11 138.7 4.74
- J12 144.1 7.36
- J13 187.3 7.47
Comme vous pouvez le voir, on a fait quelques belles journees, et d’autre moins bonnes (petole parfois) mais dans l’ensemble on s’en tire pas mal. Au total pour l’instant on a du faire environ 1950 milles, et on a donc deja fait plus 400 milles de trop par rapport a la route directe !! Toute projection de ces vitesses sur le parcours restant est laissee sous la responsabilite des lecteurs, etant donne que la meteo peut encore nous reserver quelques caprices !A part ca, tout va bien a bord, le rythme des quarts nous colle maintenant a la peau ! Il se peut qu’il nous faille quelques jours a l’arrivee pour ne plus se reveiller en pleine nuit, s’habiller comme pour aller au pole nord sous la pluie, et rester sur le balcon pendant 3h, face au vent ! Ceci dit, il fait toujours tres bon a bord, la temperature de l’eau n’a pas du encore beaucoup bouger…
Le Schmilblick Voici le moment que vous attendez tous, les premieres reponses au grand jeu du Schmilblick. Yohan : non, le Schmilblick n’est pas rond, il est plat sur ce bateau !! Mallory : oui, il y a bien un Schmilblick dans le cockpit, mais ce n’est peut etre pas le seul ! A demain pour la suite !
A tres bientot
Jerome et l’equipage de Tchuda Popka 2
PS : Pour Sego, la specialiste des aromes, si on ajoute de l’ail ca ne devient pas forcement libanais ! La preuve dans la recette ci-dessus. Cherchez encore !
[Sent from: 31.76,-38.333]
Jerome Samson
27 January 2007 | 20:54
Et voila une troisieme depression en train de passer. Au fur et a mesure de notre progression vers l’est, nous nous eloignons doucement du trajet des depressions qui traversent l’Atlantique nord, et nous avons ete d’avantage epargnes cette fois que les precedentes. Une nuit sous GV trois ris et trinquette arise, puis aujourd’hui nous avons pu renvoyer le gennaker une bonne partie de la journee avant de reduire a nouveau en fin d’apres-midi, avec l’arrivee de gros cumulus. Nous sommes a present sous la pluie – enfin, surtout Pierre a la barre, a la table a carte pas de probleme…
Depuis deux jours, nous apercevons de plus en plus de cargos. C’est souvent notre systeme “Active echo” qui les detecte le premier : quand il detecte l’echo d’un radar, il declenche une alarme pour nous en avertir. Nous croisons principalement des chimiquiers et des petroliers, qui sont sur la route Panama-Gibraltar. Nos tentatives pour les contacter a la VHF ne sont pas fructueuses a chaque fois. Mais quand nous y parvenons c’est toujours amusant de discuter un moment avec ces autres voyageurs de la mer.
Je ne crois pas avoir deja explique notre rythme de vie a bord, qui suis celui du soleil. Nous avons cale le dejeuner a midi, et le diner a la tombee de nuit, c’est a dire autour de six heures a l’heure du bord que nous decalons progressivement en traversant de nouveaux fuseaux horaires. Ensuite les quarts commencent, generalement un premier jusqu’a 23h, puis par trois heures, 23h-2h, puis 2h-5h, et le premier couche prend le relais pour la fin de la nuit.
Avec la meteo plus clemente, nous avons aussi d’avantage de temps libre. J ai termine mon premier bouquin aujourd’hui, tandis que Denis changeait le leurre au bout de la traine. On avait du faire une erreur, le precedent ne remontait que des algues. Qui aurait l’idee de s’equiper d’un leurre a sargasses ?! Depuis la dorade des premiers jours qui s’etait echappee a 10m du tableau arriere, pas une touche… Esperons que cette fois nous tirons un leurre a poisson. Apres cela, Pierre nous entame un cours d oenologie sur le theme “Comment faire son vin”. De ce que j’ai compris, la premiere etape consiste a aller habiter a St Emilion.
Je vous laisse, le diner appelle… A bientot,
Guillaume, pour l’equipage de Tchuda Popka
PS: Denis, comme tous les parents d’etudiants, serait heureux d’avoir quelques nouvelles des partiels d’Alexandre.
[Sent from: 30.583,-41.622]
Jerome Samson
26 January 2007 | 20:08
Pour permettre a la classe de Marie-Anne de decouvrir un peu plus le vocabulaire marin, nous avons decide de relancer le fameux jeu du Schmilblick cher a Coluche. Et il s’agit, vous l’aurez donc tous compris, de vous faire deviner, mais surtout a ses chers eleves, un terme designant l’un des nombreux objets qui nous entourent a bord de Tchuda Popka. L’indice de depart est “Ne se rompt pas”. Je sais c’est vague, mais on debute nous aussi dans le Schmilblick !! Vous envoyez comme d’habitude vos reponses a l’adresse habituelle, au milieu de l’Atlantique Nord, par bouteille a la mer ou par fregate express.
D’ailleurs en parlant de fregate, il s’agit de l’un des seuls oiseaux que nous ayons croises aussi au large. C’est vraiment un oiseau magnifique, blanc immacule, avec deux longues plumes au milieu de la queue. Guillaume a apercu un autre type d’oiseau hier matin, avec de longues ailes fines et foncees, et le corps plus clair, sans pouvoir l’identifier, car il a seulement joue quelques minutes avec les cretes des vagues tres a l’arriere du bateau.
Nous avons croises ces derniers jours a plusieurs reprises des bancs de marsouins, sans doute ont ils leur taniere au niveau du rift que vous etes nombreux a nous avoir signale : on n’a rien vu, rien senti a bord, seulement maintenant on est au dessus de la partie Europeenne de l’Atlantique.
A bord, apres un delicieux plat prepare par Denis, qui a reussi a nous mitonner du singe (sans bananes) et a nous faire aimer ca ! Incroyable. Il faut dire qu’avec des oignons, de l’ail et des petites patates, le corned beef – puisqu’il ne s’agit evidemment pas de la chair d’un petit primate que nous ayons pu amener a bord pour nous aider a finir nos bananes – a bien meilleure allure que froid dans sa boite ! J’ai justement pioche une question blanche, toujours envoyee par Pierre L., de Saint-Emilion, qui vous permettra sans doute d’atteindre le banco des mille milles : il s’agit de philosophie culinaire. “Ajoutez de la tomate et de l’origan, ca devient italien ; du vin et de l’estragon, ca devient francais ; de la creme aigre, ca devient russe ; du citron et de la cannelle, ca devient grec ; de la sauce soja, ca devient chinois ; ajoutez de l’ail, ca devient …” a vous de trouver !!
A part ca, pour repondre aux insinuations de certaines, inquietes de l’etat de salubrite d’un bateau mene par 4 rudes gaillards : nous ne sommes pas tout a fait sur la Tamise comme dans le bouquin (plein de verite au demeurant) de JKJ, et ne sommes pas non plus tout a fait des debutants, et le maintien du bateau dans un etat de proprete adequat fait aussi partie de la securite. Ainsi tous les jours, nous passons l’eponge (pas celle de la vaisselle) dans les fonds avec un poil d’eau douce et de produit menager, pour dessaler et detartrer, et on insiste bien sur les gencives, pour eviter l’apparition de caries ! Notre salle de bain -WC y passe aussi quotidiennement !! Epatant non ? Voici donc une preuve tangible que le sens pratique et l’organisation prevalent a bord, et ce sans presence feminine !! Toutes les theories sont donc a revoir !!
A bord, on est maintenant repasse en configuration “depression”, ce qui n’a, je vous rassure, aucun rapport avec le moral de l’equipage, qui lui reste au beau fixe. On s’attend dans la nuit a voir le temps changer pas mal, le barometre descendre un peu, et a voir le vent forcir. Avant la nuit, nous reprendrons encore un ris dans la GV, ainsi que dans notre trinquette, pour etre pare a tout. Normalement nous sommes suffisamment sud pour ne pas nous exposer a des vents de plus 25-30 noeuds en moyenne, mais nous pourrons quand meme surement avoir quelques rafales un peu plus fortes, alors autant etre bien pres. Le front froid qui genere habituellement les grains les plus violents, tel celui que nous avons essuye avant hier, ne devrait pas arriver avant demain matin. C’est deja notre troisieme depression, et celle ci ne devrait probablement pas nous secouer plus que la precedente, et nous serons encore plus vigilants au passage du front froid.
Merci encore pour tous vos encouragements, un grand coucou a Benjamin (mon frere) qui prend la mer lui aussi, mais pour aller taquiner les 60e sud a bord de l’Albatros (tout confort) de la Marine, bon vent a toi, salue bien les iles Herd pour nous !
A tres bientot a tous
Jerome
[Sent from: 30.643,-45.192]
Jerome Samson
25 January 2007 | 14:57
Vous aurez compris au fil de ce blog que chaque jour, nous tombons un peu plus sous le charme de Tchuda Popka. Les anglais – a qui il faut bien reconnaitre la qualite d’etre un peuple marin – les anglais donc, ont pour habitude de parler des bateaux a la troisieme personne du feminin. Alors si j etais anglais (Dieu m en garde…), j’irais jusqu’a dire que nous sommes un peu amoureux de ce Pogo 40. Mais cela ne veut pas dire que nous ne voyons pas ses defauts. Et s’il est une chose qui est sacrifiee au profit de la performance en navigation, c’est tout de meme le confort a l’interieur.
Prenons juste l’exemple des bannettes. Apres une bonne journee de mer, vous aspirez a un repos legitime. La, premier probleme, c’est le bruit. Pour peu qu’il y ait un peu de mer et que nous soyons autour de 10 noeuds, vous entendez a l’interieur une savante harmonie composee de : – un bruit de cascade en continu, – un leger clapotis tout au long de la ligne de flotaison, – les coups de boutoir des vagues qui viennent malicieusement frapper la coque juste sous votre tete, – par moment, le bruit d’un saut d’eau que l’on vous verserait sur la tete quand une vague reussit a sauter sur le pont. Ca c’est pour l’accompagnement general, vous pouvez aussi ajouter quelques soli, a l’occasion des manoeuvres par exemple : le cliqueti d’un winch, le grincement d’une ecoute, et le nec plus ultra : un mousqueton qui frappe le pont au dessus de vous, en gros ca donne l’impression d’un bon coup de marteau sur le timpan…
Pourtant, on en reve parfois de cette bannette, quand le quart s’eternise, qu’il n’y a rien a faire pour la navigation et qu’on attend l’heure de la releve sous la pluie. Alors on s’imagine, enlever son gilet, son pantalon et son cire, passer des vetements secs, et se glisser au fond du duvet pour un sommeil reparateur.
Du sommeil, nous en avions bien besoin hier. Une deuxieme depression nous a un peu secoue. Dans l’apres-midi, alors que le gros du coup de vent est passe, Denis est dehors sous une pluie battante, pendant que nous discutons a l’abri. Le bateau file ses 12 noeuds, quand le vent monte d’un coup. Le bateau part au surf et le speedo s’alarme : 15, 16, 17, 18, 19, 20 noeuds ! Le temps de jaillir sur le pont, la trinquette bat furieusement. Et le temps que nous l’affalions, deux lattes sont parties et le nerf de chute s’est abime. Nous en sommes quitte pour une seance de couture, et renvoyons la toile a la tombee du jour.
Quelques emotions donc, ce qui vaudra un reve hors du commun a Denis dans la nuit. On arrive au port, on met le bateau a quai quand quelqu’un vient. Il ne veut pas nous laisser debarquer, et se presente : “Bonjour, je suis de la Generale des vents. Je viens vous presenter la facture du vent consomme” Bonne enguelade dans l equipage, les point de vue divergent. Pour Denis : “Pas de soucis, je lui colle un bourre pif et je le fous a l’eau !” Nous essayons de le retenir. “Denis, ce ne sont pas des manieres !”. Pendant ce temps le type s enerve sur le quai : “Vous aller la payer cette facture, avec tout ce que vous avez consomme !”
La nuit a ete calme, avec quelques nuages. Une belle demi-lune nous accompagne maintenant pendant la premiere partie de nuit, et m’a valu un petit moment d’emerveillement hier soir. La lune eclairait le pont par l’arriere, et je m’amusais a detailler les ombres qu’elle projetait sur le cockpit : le balcon arriere, ma silhouette a la barre. Un gros nuage noir ceinturait l’horizon devant moi, je m’attendait a une bonne averse. Et c’est finalement un arc en ciel tout blanc qui s’est detache sur ce nuage. Un beau demi cercle, vraiment comme de jour avec le soleil. Les couleurs en moins, mais la feerie en plus ! Avec des instants comme celui la, la fatigue s’envole et l’on resterait bien sur le pont un peu plus.
Cote temperature, on n’a pas a se plaindre. Le nutella est devenu un peu moins facile a etaler, mais l’eau est encore a 20 degres. A bientot,
Guillaume, pour l’equipage de Tchuda Popka
[Sent from: 31.333,-47.950]
Jerome Samson
24 January 2007 | 17:47
Vous connaissez tous l’aquaplanning, c’est quand on passe sur une grosse flaque en voiture, et que l’on sent que les roues ne touchent plus vraiment le sol, et que si la route se mettait a tourner ou le feu a passer au rouge, on ne pourrait pas faire grand chose… Le principal probleme vient du fait que les voitures standards n’ont pas de safran ! Messieurs les ingenieurs, au boulot !
On dit de la plupart des bateaux : “Oh ! il a une carene bien large, il doit bien surfer”. Mais faire une carene surfante, c’est a la portee du premier architecte naval venu, tiens ca doit meme faire partie des figures imposees de leur projet de fin d’etudes. Tchuda Popka, lui n’a pas simplement une carene surfante, il a une carene aquaplanante et tout ce qu’il faut avec pour bien maitriser ca, en particulier deux safrans bien dimensionnes, plantes de chaque cote un peu de biais pour que meme gite, il en reste toujours un bien dans l’eau.
Ajoutez a cela un peu de vent, des petites vagues pour demarrer plus facilement et un pilote bien experimente (automatique ou non), et que le reste de l’equipage se cramponne bien ! Cette nuit en particulier, ca a tres bien marche, on etait (et on est toujours au moment ou je vous ecris) sous GV 3 ris + trinquette arisee egalement, par 30-35 nds de SW, au largue plein E, avec une gentille petite houle de 2 a 3 m. Et ca part tout le temps. Je crois que le record de la nuit est une jolie pointe a 18 noeuds, et en moyenne a plus de 9 noeuds et demi. En pratique, le bateau est d’abord un peu plante (dans une vague qu’il vient de rattraper), et la vague suivante vient lui chatouiller doucement son tchuda popka (son joli petit derriere, en russe). Hop il ne se laisse pas faire, il accelere, l’ecume commence a voler, et il se cabre legerement. Et c’est parti pour l’aquaplanning, sauf que la, la flaque est bien grande, la route est droite, pas de feu rouge a l’horizon, et on aime ca ! Les sensations a la barre changent completement, la gite diminue beaucoup et le bateau plane vraiment, tres stable, autour de 12-13 noeuds. Pour ceux qui on deja vecu ca, on retrouve la sensation du planning en fun board : tout devient stable. La difference, c’est qu’en fun board on est quand meme un peu moins mouille, et la quille vibre pas mal des 12 noeuds.
Et ca peut durer quelques bonnes minutes, jusqu’a ce que les vagues ne s’enchainent plus bien et que le bateau ralentisse un peu, reprenne son souffle. Et pendant ce temps le speedo (notre compteur de vitesse) est bien monte, de meme que les deux vagues d’etrave qui en profitent pour eclabousser et essayer de deconcentrer le barreur/pilote !
Ah tiens, on me passe une question rouge, envoyee par Pierre L., de Saint Emilion.
Dans le cadre du respect de l’hygiene a bord de Tchuda Popka, la vaisselle doit a bord etre lavee au moins quotidiennement. Je vous pose le probleme suivant. Comment faire une vaisselle (laver, rincer, essuyer, ranger) dans le cockpit du bateau, en ayant a votre disposition un seau vide d’eau mais contenant 4 bols/tasses/cuillers, et une cocotte minute. Elements facilitateurs : 2 longes de harnais. Contraintes : la vaisselle est a l’interieur (et il fait suffisamment beau pour la faire dehors) ; 20 noeuds de vent ; 15 degres de gite ; bateau lance a 10 noeuds. Pas d’assistance exterieure. Imperatifs : etre toujours harnache quand on est dehors, minimiser la depense d’energie. Rappel : le skipper precise : “toujours au moins une main pour soi”, et restons dans le cadre de la securite des personnes et des biens. Envoyez vos solutions a “Jeu concours Tchuda Popka – 30 16.7n / 50 00.2w” ou en commentaire de ce post sur le blog. La meilleure solution sera primee d’un regime de bananes (qu’on n’arrive plus a manger).
Merci encore a tous pour vos commentaires et encouragements, la lecture de Jerome K. Jerome nous fait bien rire (tout est vrai dans ce qu’il vivent), la meteo de Francfort et d’ailleurs nous rappelle qu’il faut que l’on profite de chaque rayon de soleil, et de la temperature de l’eau de mer (autour de 20 degres, c’est surtout ca qui determine le climat par chez nous). On est bien sur preneurs d’un mini journal des infos du monde par la classe de Marie-Anne si c’est possible (seulement les bonnes nouvelles ?) mais on ne veut pas revivre l’integrale de la campagne presidentielle 😉
A tres bientot
Pierre et Jerome, pour l’equipage de Tchuda Popka
PS : on vient de mettre le cd de “Musique pour aller vite”, et l’envie de tenter le spi nous demange pas mal du coup !!
[Sent from: 30.477,-49.47]
Jerome Samson
23 January 2007 | 20:26
A 8 noeuds au 90 (plein est), sous GV 2 ris + trinquette (10 noeuds quand Polo le pilote auto s’applique un peu)
Ca y est, le vent est revenu ! Bravo la meteo, qui pour l instant ne se trompe pas beaucoup. Au passage, en mer la meteo parle rarement de temperature, de soleil et de pluie, mais surtont de vent, de pression atmospherique et de hauteur des vagues. Et elle nous avait promis une bonne nuit calme, avant un retour des elements, et c est arrive. On a fait cette nuit 6-7 heures de moteur, pour avancer un peu pendant un calme anticyclonique, entre deux depressions. Le vent est revenu ce matin vers 8h (midi pour vous), accompagne d une petite troupe de dauphins (ou marsouins, de petite taille). On a pu profiter du gennaker toute la matinee, avant de renvoyer la trinquette pour dejeuner, et de reprendre deux ris dans la foulee. Si Gwen etait en regate a bord, on serait surement sous spi, mais la on est en convoyage, alors on preserve les voiles (enfin on essaie… et on re-verse une petite larme pour notre solent, qui aura besoin d un peu de couture a Lorient).
Ces 24h de repit nous on permis de bien recharger toutes les batteries (du bord et de l’equipage), de faire deux ou trois petits bricolages, en prevision des journees a venir qui devraient nous permettre de bien avancer dans un flux de SW puis de NW en restant bien au sud d’une depression.
Denis et Pierre ont refait les pleins d’eau (re-remplir les bouteilles avec des jerricans), fait la vaisselle, range leurs affaires, etc. pendant que Guillaume et moi roupillons un peu… Merci a tous les deux, ca fait du bien de faire la sieste !
Nous sommes maintenant au point le plus eloigne de toutes les cotes de notre periple. Pres de 1000 milles (non pas le million, le million !) d’eau salee nous separent des cotes canadiennes, d’Antigua (au nord des Antilles), et des Acores (a 1200 milles, soit 6 bonnes journees environ). C est assez impressionnant, mais en meme temps, on n’a jamais ete aussi pres de l’arrivee, et on fait un bon sillage quasi sur la route directe ! Pour l’instant, on va rester encore un peu par 30 degres de latitude (les Acores sont a 38, Lorient a 47), cap a l’est pour laisser passer le plus fort du vent a venir…
Ce matin, on a eu droit a une superbe demonstration de point au sextant, par maitre Denis, c’etait genial. On a tous fait notre releve de la hauteur du soleil (photo a l’appui), et calcule ensuite que nos droites de hauteur etaient toutes a moins de 10 milles de notre position estimee par le GPS… Ces americains nous brouillent donc toujours un peu le signal 😉
Ensuite, on a fete dignement notre repos de la nuit en terminant l’un des excellents saucissons basques de Pierre, c’etait divin ! On garde encore la bouteille de Saint Emilion dans la cave pour un peu plus tard, peut etre pour quand on approchera des Acores ?
L’ambiance a bord est toujours excellente, bien soutenus que nous sommes par vos messages pleins de blagues, de poesie, et d’amitie, et par les “Blagues de Haute Mer” (R) que chacun a amene dans sa besace (Denis a un repertoire en la matiere assez impressionnant) !
Excellente fin de journee a tous
A tres bientot
Jerome et tout l’equipage de Tchuda Popka 2
[Sent from: 30.1783,-52.6983]
Jerome Samson
22 January 2007 | 20:21
En route au 85, a 8 noeuds
Fini de rire, en fait de vents portants, nous voila avec des vents im-portants. La journee d hier s est passee sous trinquette seule, la grand voile affalee. Et apres l agitation de la nuit, c etait vraiment un grand plaisir de glisser sur la houle dans une mer bleu fonce, ponctuee de larges cretes blanches en haut des vagues. Quand les nuages revenaient, le bleu se changeait en gris profond, parfois zebre d embruns. Nous profitons de notre heure de moteur quotidienne (il faut recharger les batteries) pour mettre un peu de musique, et c est Banabar qui m accompagne dans les grands surfs sur la houl, en chantant : “je prends pas non plus le bateau, j ai le mal de mer” !
La nuit est nettement plus calme, nous renvoyons un peu de grand voile, et reprenons notre regime alimentaire habituel pour le diner : banane, riz, banane, fromage, banane… Plus qu un regime et nous en viendrons a bout ! Nous prenons le temps de recuperer sans forcer l allure, l ambiance est detendue a grand concours de blagues.
A la tombee de la nuit, premiere rencontre depuis que nous avons quitte les Antilles. Deux cargos qui font route a l est, et nous depassent a quelques milles. Nous essayons de les contacter par VHF, mais sans succes. Autre rencontre ce matin alors que Denis est sur le pont : un gros bidon qui flotte au gre des vagues. Un petit coup de barre nous permet de l eviter. Nous croisons toujours des poissons volants, un peu moins nombreux, et des sargasses. Quand a la ligne de traine, elle est rangee depuis trois jours, il faudra attendre des jours plus calmes pour aller taquiner le poisson.
A bientot,
Guillaume, et tout l equipage de Tchuda Popka
PS: ce matin, nous avons effacer un SMS par erreur avant d avoir pu le lire. Si son auteur pouvait nous le renvoyer…
[Sent from: 29.530,-55.180]
Jerome Samson
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