Posts filed under 'En mer'
28 January 2007 | 20:42
En route au 75 a 7.5 nds (le vent a molli un peu, et on fait la vaisselle avant de renvoyer un peu plus de toile)
Pour feter dignement ce second dimanche a la mer, quoi de mieux qu’un bon repas ? A notre tour de proposer une recette. Confit de canard et ses pommes en robe des champs, au Saint-Emilion, pour 4 personnes (doses de haute mer). Prenez 24 belles petites pommes de terre, ne les epluchez pas mais cuisez les plutot a la vapeur (10 min quand ca siffle). Ouvrez les boites de cuisses de canard confit, prelevez la graisse, que vous mettez dans la cocotte, pendant que les pommes de terre refroidissent un peu. Et hop ! 4 gousses d’ail a blondir dans la graisse de canard chaude, recouvertes peu apres par les pommes de terres cuites coupees en quatre (toujours dans leur peau). Laissez dorer le tout 10 minutes, lorsque l’ail vous le dit, c’est cuit. Ajoutez alors sur le dessus les cuisses de canard, et laissez-les se rechauffer tendrement sur leur lit de pommes de terre. Servez tres chaud, accompagne d’un Saint-Emilion Grand Cru Classe, c’est excellent, et ca calme meme les marins les plus rudes ! Au passage, nous vous recommandons le Chateau Gueyrosse Grand Cru (Libourne), vous pouvez ecrire de notre part a Yves Delol gueyrosse@free.fr, qui reservera le meilleur accueil a vos demandes ! Seul point un peu difficile, on n’a toujours pas trouve comment allumer le chauffe-eau pour l’evier double bac de nos reves, alors on fait toujours la vaisselle a l’eau de mer froide, et pour le gras de canard, c’est un peu rude ! Ceci dit, Gwen, on en a profite pour demonter les winchs et les regraisser a la graisse bio !! Tu verras ils tournent du tonnerre, et en plus ca sent le sud-ouest quand tu hisses la GV…
Au terme de ces 2 premieres semaines de mer, nous sommes maintenant arrives a mi parcours, a vol de fregate. Seulement il nous a fallu faire un grand detour par le nord, pour sortir de la zone des alizes d’est et rejoindre les vents portants d’ouest au niveau du 30e parallele. Nous sommes maintenant a 1570 milles de Pointe a Pitre, 600 milles des Acores, 1500 milles des cotes portugaises, 1900 milles de Lorient… Et 1800 milles de NYC, desole Erika, finalement on va pas pouvoir venir te faire coucou cette fois-ci !
J’ai essaye de faire un petit tableau de marche, pour voir un peu quelles ont ete nos vitesses moyennes. La colonne du milieu indique le nombre de milles parcourus, et celle de droite la vitesse moyenne. Les durees prises en compte ne sont pas toujours exactement de 24h, etant donne que nous ne notons pas notre position a heure tres fixe…
- J1 78.0 6.41
- J2 174.5 6.69
- J3 153.6 7.20
- J4 153.8 6.17
- J5 118.6 4.94
- J6 221.2 8.02
- J7 145.9 7.33
- J8 111.5 5.62
- J9 195.5 7.93
- J10 95.4 4.32
- J11 138.7 4.74
- J12 144.1 7.36
- J13 187.3 7.47
Comme vous pouvez le voir, on a fait quelques belles journees, et d’autre moins bonnes (petole parfois) mais dans l’ensemble on s’en tire pas mal. Au total pour l’instant on a du faire environ 1950 milles, et on a donc deja fait plus 400 milles de trop par rapport a la route directe !! Toute projection de ces vitesses sur le parcours restant est laissee sous la responsabilite des lecteurs, etant donne que la meteo peut encore nous reserver quelques caprices !A part ca, tout va bien a bord, le rythme des quarts nous colle maintenant a la peau ! Il se peut qu’il nous faille quelques jours a l’arrivee pour ne plus se reveiller en pleine nuit, s’habiller comme pour aller au pole nord sous la pluie, et rester sur le balcon pendant 3h, face au vent ! Ceci dit, il fait toujours tres bon a bord, la temperature de l’eau n’a pas du encore beaucoup bouger…
Le Schmilblick Voici le moment que vous attendez tous, les premieres reponses au grand jeu du Schmilblick. Yohan : non, le Schmilblick n’est pas rond, il est plat sur ce bateau !! Mallory : oui, il y a bien un Schmilblick dans le cockpit, mais ce n’est peut etre pas le seul ! A demain pour la suite !
A tres bientot
Jerome et l’equipage de Tchuda Popka 2
PS : Pour Sego, la specialiste des aromes, si on ajoute de l’ail ca ne devient pas forcement libanais ! La preuve dans la recette ci-dessus. Cherchez encore !
[Sent from: 31.76,-38.333]
27 January 2007 | 20:54
Et voila une troisieme depression en train de passer. Au fur et a mesure de notre progression vers l’est, nous nous eloignons doucement du trajet des depressions qui traversent l’Atlantique nord, et nous avons ete d’avantage epargnes cette fois que les precedentes. Une nuit sous GV trois ris et trinquette arise, puis aujourd’hui nous avons pu renvoyer le gennaker une bonne partie de la journee avant de reduire a nouveau en fin d’apres-midi, avec l’arrivee de gros cumulus. Nous sommes a present sous la pluie – enfin, surtout Pierre a la barre, a la table a carte pas de probleme…
Depuis deux jours, nous apercevons de plus en plus de cargos. C’est souvent notre systeme “Active echo” qui les detecte le premier : quand il detecte l’echo d’un radar, il declenche une alarme pour nous en avertir. Nous croisons principalement des chimiquiers et des petroliers, qui sont sur la route Panama-Gibraltar. Nos tentatives pour les contacter a la VHF ne sont pas fructueuses a chaque fois. Mais quand nous y parvenons c’est toujours amusant de discuter un moment avec ces autres voyageurs de la mer.
Je ne crois pas avoir deja explique notre rythme de vie a bord, qui suis celui du soleil. Nous avons cale le dejeuner a midi, et le diner a la tombee de nuit, c’est a dire autour de six heures a l’heure du bord que nous decalons progressivement en traversant de nouveaux fuseaux horaires. Ensuite les quarts commencent, generalement un premier jusqu’a 23h, puis par trois heures, 23h-2h, puis 2h-5h, et le premier couche prend le relais pour la fin de la nuit.
Avec la meteo plus clemente, nous avons aussi d’avantage de temps libre. J ai termine mon premier bouquin aujourd’hui, tandis que Denis changeait le leurre au bout de la traine. On avait du faire une erreur, le precedent ne remontait que des algues. Qui aurait l’idee de s’equiper d’un leurre a sargasses ?! Depuis la dorade des premiers jours qui s’etait echappee a 10m du tableau arriere, pas une touche… Esperons que cette fois nous tirons un leurre a poisson. Apres cela, Pierre nous entame un cours d oenologie sur le theme “Comment faire son vin”. De ce que j’ai compris, la premiere etape consiste a aller habiter a St Emilion.
Je vous laisse, le diner appelle… A bientot,
Guillaume, pour l’equipage de Tchuda Popka
PS: Denis, comme tous les parents d’etudiants, serait heureux d’avoir quelques nouvelles des partiels d’Alexandre.
[Sent from: 30.583,-41.622]
26 January 2007 | 20:08
Pour permettre a la classe de Marie-Anne de decouvrir un peu plus le vocabulaire marin, nous avons decide de relancer le fameux jeu du Schmilblick cher a Coluche. Et il s’agit, vous l’aurez donc tous compris, de vous faire deviner, mais surtout a ses chers eleves, un terme designant l’un des nombreux objets qui nous entourent a bord de Tchuda Popka. L’indice de depart est “Ne se rompt pas”. Je sais c’est vague, mais on debute nous aussi dans le Schmilblick !! Vous envoyez comme d’habitude vos reponses a l’adresse habituelle, au milieu de l’Atlantique Nord, par bouteille a la mer ou par fregate express.
D’ailleurs en parlant de fregate, il s’agit de l’un des seuls oiseaux que nous ayons croises aussi au large. C’est vraiment un oiseau magnifique, blanc immacule, avec deux longues plumes au milieu de la queue. Guillaume a apercu un autre type d’oiseau hier matin, avec de longues ailes fines et foncees, et le corps plus clair, sans pouvoir l’identifier, car il a seulement joue quelques minutes avec les cretes des vagues tres a l’arriere du bateau.
Nous avons croises ces derniers jours a plusieurs reprises des bancs de marsouins, sans doute ont ils leur taniere au niveau du rift que vous etes nombreux a nous avoir signale : on n’a rien vu, rien senti a bord, seulement maintenant on est au dessus de la partie Europeenne de l’Atlantique.
A bord, apres un delicieux plat prepare par Denis, qui a reussi a nous mitonner du singe (sans bananes) et a nous faire aimer ca ! Incroyable. Il faut dire qu’avec des oignons, de l’ail et des petites patates, le corned beef – puisqu’il ne s’agit evidemment pas de la chair d’un petit primate que nous ayons pu amener a bord pour nous aider a finir nos bananes – a bien meilleure allure que froid dans sa boite ! J’ai justement pioche une question blanche, toujours envoyee par Pierre L., de Saint-Emilion, qui vous permettra sans doute d’atteindre le banco des mille milles : il s’agit de philosophie culinaire. “Ajoutez de la tomate et de l’origan, ca devient italien ; du vin et de l’estragon, ca devient francais ; de la creme aigre, ca devient russe ; du citron et de la cannelle, ca devient grec ; de la sauce soja, ca devient chinois ; ajoutez de l’ail, ca devient …” a vous de trouver !!
A part ca, pour repondre aux insinuations de certaines, inquietes de l’etat de salubrite d’un bateau mene par 4 rudes gaillards : nous ne sommes pas tout a fait sur la Tamise comme dans le bouquin (plein de verite au demeurant) de JKJ, et ne sommes pas non plus tout a fait des debutants, et le maintien du bateau dans un etat de proprete adequat fait aussi partie de la securite. Ainsi tous les jours, nous passons l’eponge (pas celle de la vaisselle) dans les fonds avec un poil d’eau douce et de produit menager, pour dessaler et detartrer, et on insiste bien sur les gencives, pour eviter l’apparition de caries ! Notre salle de bain -WC y passe aussi quotidiennement !! Epatant non ? Voici donc une preuve tangible que le sens pratique et l’organisation prevalent a bord, et ce sans presence feminine !! Toutes les theories sont donc a revoir !!
A bord, on est maintenant repasse en configuration “depression”, ce qui n’a, je vous rassure, aucun rapport avec le moral de l’equipage, qui lui reste au beau fixe. On s’attend dans la nuit a voir le temps changer pas mal, le barometre descendre un peu, et a voir le vent forcir. Avant la nuit, nous reprendrons encore un ris dans la GV, ainsi que dans notre trinquette, pour etre pare a tout. Normalement nous sommes suffisamment sud pour ne pas nous exposer a des vents de plus 25-30 noeuds en moyenne, mais nous pourrons quand meme surement avoir quelques rafales un peu plus fortes, alors autant etre bien pres. Le front froid qui genere habituellement les grains les plus violents, tel celui que nous avons essuye avant hier, ne devrait pas arriver avant demain matin. C’est deja notre troisieme depression, et celle ci ne devrait probablement pas nous secouer plus que la precedente, et nous serons encore plus vigilants au passage du front froid.
Merci encore pour tous vos encouragements, un grand coucou a Benjamin (mon frere) qui prend la mer lui aussi, mais pour aller taquiner les 60e sud a bord de l’Albatros (tout confort) de la Marine, bon vent a toi, salue bien les iles Herd pour nous !
A tres bientot a tous
Jerome
[Sent from: 30.643,-45.192]
25 January 2007 | 14:57
Vous aurez compris au fil de ce blog que chaque jour, nous tombons un peu plus sous le charme de Tchuda Popka. Les anglais – a qui il faut bien reconnaitre la qualite d’etre un peuple marin – les anglais donc, ont pour habitude de parler des bateaux a la troisieme personne du feminin. Alors si j etais anglais (Dieu m en garde…), j’irais jusqu’a dire que nous sommes un peu amoureux de ce Pogo 40. Mais cela ne veut pas dire que nous ne voyons pas ses defauts. Et s’il est une chose qui est sacrifiee au profit de la performance en navigation, c’est tout de meme le confort a l’interieur.
Prenons juste l’exemple des bannettes. Apres une bonne journee de mer, vous aspirez a un repos legitime. La, premier probleme, c’est le bruit. Pour peu qu’il y ait un peu de mer et que nous soyons autour de 10 noeuds, vous entendez a l’interieur une savante harmonie composee de : – un bruit de cascade en continu, – un leger clapotis tout au long de la ligne de flotaison, – les coups de boutoir des vagues qui viennent malicieusement frapper la coque juste sous votre tete, – par moment, le bruit d’un saut d’eau que l’on vous verserait sur la tete quand une vague reussit a sauter sur le pont. Ca c’est pour l’accompagnement general, vous pouvez aussi ajouter quelques soli, a l’occasion des manoeuvres par exemple : le cliqueti d’un winch, le grincement d’une ecoute, et le nec plus ultra : un mousqueton qui frappe le pont au dessus de vous, en gros ca donne l’impression d’un bon coup de marteau sur le timpan…
Pourtant, on en reve parfois de cette bannette, quand le quart s’eternise, qu’il n’y a rien a faire pour la navigation et qu’on attend l’heure de la releve sous la pluie. Alors on s’imagine, enlever son gilet, son pantalon et son cire, passer des vetements secs, et se glisser au fond du duvet pour un sommeil reparateur.
Du sommeil, nous en avions bien besoin hier. Une deuxieme depression nous a un peu secoue. Dans l’apres-midi, alors que le gros du coup de vent est passe, Denis est dehors sous une pluie battante, pendant que nous discutons a l’abri. Le bateau file ses 12 noeuds, quand le vent monte d’un coup. Le bateau part au surf et le speedo s’alarme : 15, 16, 17, 18, 19, 20 noeuds ! Le temps de jaillir sur le pont, la trinquette bat furieusement. Et le temps que nous l’affalions, deux lattes sont parties et le nerf de chute s’est abime. Nous en sommes quitte pour une seance de couture, et renvoyons la toile a la tombee du jour.
Quelques emotions donc, ce qui vaudra un reve hors du commun a Denis dans la nuit. On arrive au port, on met le bateau a quai quand quelqu’un vient. Il ne veut pas nous laisser debarquer, et se presente : “Bonjour, je suis de la Generale des vents. Je viens vous presenter la facture du vent consomme” Bonne enguelade dans l equipage, les point de vue divergent. Pour Denis : “Pas de soucis, je lui colle un bourre pif et je le fous a l’eau !” Nous essayons de le retenir. “Denis, ce ne sont pas des manieres !”. Pendant ce temps le type s enerve sur le quai : “Vous aller la payer cette facture, avec tout ce que vous avez consomme !”
La nuit a ete calme, avec quelques nuages. Une belle demi-lune nous accompagne maintenant pendant la premiere partie de nuit, et m’a valu un petit moment d’emerveillement hier soir. La lune eclairait le pont par l’arriere, et je m’amusais a detailler les ombres qu’elle projetait sur le cockpit : le balcon arriere, ma silhouette a la barre. Un gros nuage noir ceinturait l’horizon devant moi, je m’attendait a une bonne averse. Et c’est finalement un arc en ciel tout blanc qui s’est detache sur ce nuage. Un beau demi cercle, vraiment comme de jour avec le soleil. Les couleurs en moins, mais la feerie en plus ! Avec des instants comme celui la, la fatigue s’envole et l’on resterait bien sur le pont un peu plus.
Cote temperature, on n’a pas a se plaindre. Le nutella est devenu un peu moins facile a etaler, mais l’eau est encore a 20 degres. A bientot,
Guillaume, pour l’equipage de Tchuda Popka
[Sent from: 31.333,-47.950]
24 January 2007 | 17:47
Vous connaissez tous l’aquaplanning, c’est quand on passe sur une grosse flaque en voiture, et que l’on sent que les roues ne touchent plus vraiment le sol, et que si la route se mettait a tourner ou le feu a passer au rouge, on ne pourrait pas faire grand chose… Le principal probleme vient du fait que les voitures standards n’ont pas de safran ! Messieurs les ingenieurs, au boulot !
On dit de la plupart des bateaux : “Oh ! il a une carene bien large, il doit bien surfer”. Mais faire une carene surfante, c’est a la portee du premier architecte naval venu, tiens ca doit meme faire partie des figures imposees de leur projet de fin d’etudes. Tchuda Popka, lui n’a pas simplement une carene surfante, il a une carene aquaplanante et tout ce qu’il faut avec pour bien maitriser ca, en particulier deux safrans bien dimensionnes, plantes de chaque cote un peu de biais pour que meme gite, il en reste toujours un bien dans l’eau.
Ajoutez a cela un peu de vent, des petites vagues pour demarrer plus facilement et un pilote bien experimente (automatique ou non), et que le reste de l’equipage se cramponne bien ! Cette nuit en particulier, ca a tres bien marche, on etait (et on est toujours au moment ou je vous ecris) sous GV 3 ris + trinquette arisee egalement, par 30-35 nds de SW, au largue plein E, avec une gentille petite houle de 2 a 3 m. Et ca part tout le temps. Je crois que le record de la nuit est une jolie pointe a 18 noeuds, et en moyenne a plus de 9 noeuds et demi. En pratique, le bateau est d’abord un peu plante (dans une vague qu’il vient de rattraper), et la vague suivante vient lui chatouiller doucement son tchuda popka (son joli petit derriere, en russe). Hop il ne se laisse pas faire, il accelere, l’ecume commence a voler, et il se cabre legerement. Et c’est parti pour l’aquaplanning, sauf que la, la flaque est bien grande, la route est droite, pas de feu rouge a l’horizon, et on aime ca ! Les sensations a la barre changent completement, la gite diminue beaucoup et le bateau plane vraiment, tres stable, autour de 12-13 noeuds. Pour ceux qui on deja vecu ca, on retrouve la sensation du planning en fun board : tout devient stable. La difference, c’est qu’en fun board on est quand meme un peu moins mouille, et la quille vibre pas mal des 12 noeuds.
Et ca peut durer quelques bonnes minutes, jusqu’a ce que les vagues ne s’enchainent plus bien et que le bateau ralentisse un peu, reprenne son souffle. Et pendant ce temps le speedo (notre compteur de vitesse) est bien monte, de meme que les deux vagues d’etrave qui en profitent pour eclabousser et essayer de deconcentrer le barreur/pilote !
Ah tiens, on me passe une question rouge, envoyee par Pierre L., de Saint Emilion.
Dans le cadre du respect de l’hygiene a bord de Tchuda Popka, la vaisselle doit a bord etre lavee au moins quotidiennement. Je vous pose le probleme suivant. Comment faire une vaisselle (laver, rincer, essuyer, ranger) dans le cockpit du bateau, en ayant a votre disposition un seau vide d’eau mais contenant 4 bols/tasses/cuillers, et une cocotte minute. Elements facilitateurs : 2 longes de harnais. Contraintes : la vaisselle est a l’interieur (et il fait suffisamment beau pour la faire dehors) ; 20 noeuds de vent ; 15 degres de gite ; bateau lance a 10 noeuds. Pas d’assistance exterieure. Imperatifs : etre toujours harnache quand on est dehors, minimiser la depense d’energie. Rappel : le skipper precise : “toujours au moins une main pour soi”, et restons dans le cadre de la securite des personnes et des biens. Envoyez vos solutions a “Jeu concours Tchuda Popka – 30 16.7n / 50 00.2w” ou en commentaire de ce post sur le blog. La meilleure solution sera primee d’un regime de bananes (qu’on n’arrive plus a manger).
Merci encore a tous pour vos commentaires et encouragements, la lecture de Jerome K. Jerome nous fait bien rire (tout est vrai dans ce qu’il vivent), la meteo de Francfort et d’ailleurs nous rappelle qu’il faut que l’on profite de chaque rayon de soleil, et de la temperature de l’eau de mer (autour de 20 degres, c’est surtout ca qui determine le climat par chez nous). On est bien sur preneurs d’un mini journal des infos du monde par la classe de Marie-Anne si c’est possible (seulement les bonnes nouvelles ?) mais on ne veut pas revivre l’integrale de la campagne presidentielle 😉
A tres bientot
Pierre et Jerome, pour l’equipage de Tchuda Popka
PS : on vient de mettre le cd de “Musique pour aller vite”, et l’envie de tenter le spi nous demange pas mal du coup !!
[Sent from: 30.477,-49.47]
23 January 2007 | 20:26
A 8 noeuds au 90 (plein est), sous GV 2 ris + trinquette (10 noeuds quand Polo le pilote auto s’applique un peu)
Ca y est, le vent est revenu ! Bravo la meteo, qui pour l instant ne se trompe pas beaucoup. Au passage, en mer la meteo parle rarement de temperature, de soleil et de pluie, mais surtont de vent, de pression atmospherique et de hauteur des vagues. Et elle nous avait promis une bonne nuit calme, avant un retour des elements, et c est arrive. On a fait cette nuit 6-7 heures de moteur, pour avancer un peu pendant un calme anticyclonique, entre deux depressions. Le vent est revenu ce matin vers 8h (midi pour vous), accompagne d une petite troupe de dauphins (ou marsouins, de petite taille). On a pu profiter du gennaker toute la matinee, avant de renvoyer la trinquette pour dejeuner, et de reprendre deux ris dans la foulee. Si Gwen etait en regate a bord, on serait surement sous spi, mais la on est en convoyage, alors on preserve les voiles (enfin on essaie… et on re-verse une petite larme pour notre solent, qui aura besoin d un peu de couture a Lorient).
Ces 24h de repit nous on permis de bien recharger toutes les batteries (du bord et de l’equipage), de faire deux ou trois petits bricolages, en prevision des journees a venir qui devraient nous permettre de bien avancer dans un flux de SW puis de NW en restant bien au sud d’une depression.
Denis et Pierre ont refait les pleins d’eau (re-remplir les bouteilles avec des jerricans), fait la vaisselle, range leurs affaires, etc. pendant que Guillaume et moi roupillons un peu… Merci a tous les deux, ca fait du bien de faire la sieste !
Nous sommes maintenant au point le plus eloigne de toutes les cotes de notre periple. Pres de 1000 milles (non pas le million, le million !) d’eau salee nous separent des cotes canadiennes, d’Antigua (au nord des Antilles), et des Acores (a 1200 milles, soit 6 bonnes journees environ). C est assez impressionnant, mais en meme temps, on n’a jamais ete aussi pres de l’arrivee, et on fait un bon sillage quasi sur la route directe ! Pour l’instant, on va rester encore un peu par 30 degres de latitude (les Acores sont a 38, Lorient a 47), cap a l’est pour laisser passer le plus fort du vent a venir…
Ce matin, on a eu droit a une superbe demonstration de point au sextant, par maitre Denis, c’etait genial. On a tous fait notre releve de la hauteur du soleil (photo a l’appui), et calcule ensuite que nos droites de hauteur etaient toutes a moins de 10 milles de notre position estimee par le GPS… Ces americains nous brouillent donc toujours un peu le signal 😉
Ensuite, on a fete dignement notre repos de la nuit en terminant l’un des excellents saucissons basques de Pierre, c’etait divin ! On garde encore la bouteille de Saint Emilion dans la cave pour un peu plus tard, peut etre pour quand on approchera des Acores ?
L’ambiance a bord est toujours excellente, bien soutenus que nous sommes par vos messages pleins de blagues, de poesie, et d’amitie, et par les “Blagues de Haute Mer” (R) que chacun a amene dans sa besace (Denis a un repertoire en la matiere assez impressionnant) !
Excellente fin de journee a tous
A tres bientot
Jerome et tout l’equipage de Tchuda Popka 2
[Sent from: 30.1783,-52.6983]
22 January 2007 | 20:21
En route au 85, a 8 noeuds
Fini de rire, en fait de vents portants, nous voila avec des vents im-portants. La journee d hier s est passee sous trinquette seule, la grand voile affalee. Et apres l agitation de la nuit, c etait vraiment un grand plaisir de glisser sur la houle dans une mer bleu fonce, ponctuee de larges cretes blanches en haut des vagues. Quand les nuages revenaient, le bleu se changeait en gris profond, parfois zebre d embruns. Nous profitons de notre heure de moteur quotidienne (il faut recharger les batteries) pour mettre un peu de musique, et c est Banabar qui m accompagne dans les grands surfs sur la houl, en chantant : “je prends pas non plus le bateau, j ai le mal de mer” !
La nuit est nettement plus calme, nous renvoyons un peu de grand voile, et reprenons notre regime alimentaire habituel pour le diner : banane, riz, banane, fromage, banane… Plus qu un regime et nous en viendrons a bout ! Nous prenons le temps de recuperer sans forcer l allure, l ambiance est detendue a grand concours de blagues.
A la tombee de la nuit, premiere rencontre depuis que nous avons quitte les Antilles. Deux cargos qui font route a l est, et nous depassent a quelques milles. Nous essayons de les contacter par VHF, mais sans succes. Autre rencontre ce matin alors que Denis est sur le pont : un gros bidon qui flotte au gre des vagues. Un petit coup de barre nous permet de l eviter. Nous croisons toujours des poissons volants, un peu moins nombreux, et des sargasses. Quand a la ligne de traine, elle est rangee depuis trois jours, il faudra attendre des jours plus calmes pour aller taquiner le poisson.
A bientot,
Guillaume, et tout l equipage de Tchuda Popka
PS: ce matin, nous avons effacer un SMS par erreur avant d avoir pu le lire. Si son auteur pouvait nous le renvoyer…
[Sent from: 29.530,-55.180]
21 January 2007 | 17:52
En route au 90, 8 noeuds.
Comme vous l avez lu hier, nous sommes maintenant bien entres dans la zone du portant, mais c’est aussi celles des depressions ! Et pour porter, ca porte. Dans le mail d’hier nous vous faisisons part de conditions idylliques, la tout va bien encore, mais c’est un peu plus muscle !
Ca a commence tres fort hier soir peu apres le coucher du soleil, le vent est monte progressivement vers 25 noeuds comme prevu sur nos cartes. On etait encore avec le solent (un “foc” de taille moyenne, le grand c’est le gennaker qu on a essaye hier, et le petit-qui-resiste-a-presque-tout c’est la trinquette, ensuite il reste le tourmentin pour les situations vraiment tres rudes), quand le vent est monte tres tres vite en force (bien au dela des previsions), et l’enroulement a ete un peu delicat. La sanction est immediate, on a fait un ou deux accros dedans, et on ne peut plus s en servir. Il nous reste donc principalement la trinquette, qui va bien servir du coup, et le gennaker quand il y aura vraiment peu de vent. Nous sommes un peu decus d’avoir abime cette belle voile, mais la lecon est claire : anticiper encore plus.
Actuellement, les conditions sont toujours fortes, avec un vent autour de 40 noeuds et une superbe houle bien raide. Mais encore une fois, le bateau prouve chaque instant ses exceptionnelles qualites marines, et sous trinquette seule (la GV est affalee completement) on avance toujours bien et en toute securite.
La meteo nous promet une amelioration tres prochaine, et peut etre meme un peu de petole demain, avant la prochaine depression.
A l’interieur, l’ambiance est un peu “machine a laver” cycle long, rincage intense, taches difficiles. Mais tout tient, tout est solidement amarre, “on a meme pas perdu une pomme” (dixit le cambusier Denis). On danse la quart-magnole dans la quart-lingue !
Du coup on s’est rabattu sur les lyophilises ce midi, au menu, cury de volailles au pates, qui nous a paru meilleur que ches Fauchon ! Bref on est des bons petits quart-nivores, avec la barback que Denis nous cuisine habituellement et ces petits lyoph a la volaille.
Pierre est a la camera pour vous ramener des images de cette belle houle sous le soleil (a travers la descente).
Bref c’est notre premier vrai coup de tabac, et probablement pas le dernier, mais maintenant on sait bien comment faire !
A tres bientot
Jerome et l’equipage de Tchuda Popka
(et maintenant on va s’ecouter Quart-la Bruni pour couvrir les bruits des paquets de mer !)
[Sent from: 29.196,-58.923]
21 January 2007 | 00:15
En route au 35, a 10,5 noeuds
[Note du skipper : Desoles de ne pas avoir ecrit plus tot aujourd hui, mais nous etions partis faire de la voile, et on vient juste de rentrer… Il y avait de ces bouchons sur les routes ce soir !! Et en plus on s est arretes prendre un ris-quart.]
Passer la bulle, c etait l objectif de cette nuit. La bulle, c est cette zone ou le vent hesite, au dessus des alizes, ou le fameux anticyclone des Acores descend parfois etendre ses hautes pressions. Dans la soiree, nous avions senti le vent commencer a faiblir, et apres un conseil de guerre autour de la table a carte et de nos fichiers meteo, decide de continer plein nord pour aller attraper des vents portants. Il nous a fallut quelques heures de moteur pour venir a bout du calme plat, et vers 3h la delivrance est arrive : le vent, jusqu ici nordet, a bascule a l ouest. Timidement tout d abord, puis plus franchement pour s etablir entre 15 et 20 noeuds dans la journee.
Finis pour l instant les deux ris dans la grand voile, le moment est venu de changer de garde robe. Nous affalons la trinquette, et deroulons pour la premiere fois le solent. Puis c est le tour du gennaker, cette grande voile d avant que l on porte aux allures debridees. Nous prenons notre temps pour l envoyer, car c est la premiere fois pour chacun de nous que nous manipulons une telle voile ! Et c est assez cocasse de preparer la manoeuvre en relisant le mode d emploi du bateau que Gwen nous a griffone la semaine derniere autour d une table parisienne… Apres avoir trouve nos marques, le gennaker est deroule, et le bateau accelere : la moyenne grimpe a 9-10 noeuds.
Redaction a double plume ce soir : Guillaume, qui passe le clavier a Pierre
Si vous rencontrez le savant qui avancait qu avec un point d appui il souleverait la terre dites lui de passer nous voir a bord et d agir avec tous les points d appui qu il voudra. Un appui foutaise rigolade Le pauvre. cependant ici il y a Denis l homme tronc capable de se deplacer sans mal et bien vite d appeler : eh les gars la soupe est prete et le pain aussi .(il fait aussi le pain a bord )
Il y a aussi Jerome l homme libelule il pose un regard attentionne sur tous et sur tout: ca va? cool super Il y a Guillaume passe partout sans heurt et avec la banane . Pour ma part le systheme equilibratoire s est reconnecte car enpassant il y a peu pres de la mer des Sargasses nous avons evoque les anguilles puis les anguilles sur les sarments de vigne puis nous avons derive sur la cote de boeuf sur sarments preparee au gros sel de Guerande et sans echalotte Naturellement a la suite de ce delire nous avons ouvert une boite de pate des Landes en entree. Et pendant ce temps Polo le pilote automatique travaille ,mais tres peu car chacun d entre nous veut barrer le plus possible. Un regal. Allez une petite derniere ; qui peut se vanter de diner tous les soirs avec Venus a tribord Mars a babord et la croix du sud a l arriere du bateau ?
Au fait MERCALM c est du pipo ……surtout si l on ne s en sert pas !
Merci pour toutes vos aimables pensees
Pierre n°4 a bord du TCHUDA POPKA
Ah il ne manque pas de quart-actere ce petit Pierrot ! Jerome
[Sent from: 28.1830,-61.8150]
19 January 2007 | 21:49
En route a 4 noeuds au 350
Retour sur mon double quart de cette nuit. Il est 18h30 hier soir (23h30 chez vous), nous finissons de diner dans les lueurs rougeoyantes du soleil couchant. Je prends le premier quart cette nuit. Pour l instant, de jour, nous prenons la veille a la bonne franquette, de nuit nous tournons en quarts de 3h, Denis, Jerome et moi, et Pierre nous accompagne sur un des quarts. Debut de mon quart donc, chaqu un descend trouver sa banette. J apercois encore un peu de mouvement dans le bateau, puis les dernieres lumieres s eteignent et je me retrouve seul a la barre a faire filer Tchuda Popka.
Cette nit encore, le ciel est d une luminosite etonante. Quelques avions et satellites se glissent entre les etoiles. Comme a mon habitude, je garde la barre a la main car le vent oscille frequement au rythme des nuages qui font de grosses taches sombres dans le ciel. Au bout d une heure, un poisson volant suicidaire se jette dans l inter et se met a fretiller sur la plage avant. Bien harnache, je file le recuperer en evitant de me faire doucher par une bonne vague. Quelques instants plus tard, c est une grosse barre noire qui obscurcit l horizon, et qui m apporte une bonne demi heure de douche. Au fur et a mesure de notre remontee, nous perdons petit a petit quelques degres de temperature de l air et de l eau, et nous ajoutons des epaisseurs avant de prendre le quart. Bon, nous sommes encore plus proche du quart de la premiere nuit en maillot de bain que du pantalon polaire prevu pour l arrivee ! Deja trois heures de passees, j en ajoute une avant d aller reveiller Denis.
6 heures plus tard, rebellote. Et me voila a admirer le lever de soleil au milieu des nuages. Dans la matinee, un peu de moteur pour remonter la charge des batteries. On en profitte pour brancher la musique, quand surgit le plus improbable des fans de Johnny : une fregatte vient virevolter autour du bateau. C est un superbe oiseau blanc de haute mer. Elle s enhardi a essayer de se poser en haut du mat, mais renonce finalement : la tete de mat fait des aller retours de 3m a chaque vague, ca doit bien secouer la haut
Voila, c etait un quart ordinaire, parce qu il y en a qui sont hors du commun. Il y a le quart a mail quand on a le temps (les meilleurs sont au beurre sale). Il y a le quart naval (il le sont tous en mer, meme si cette fois nous ne passons ni par Venise ni par Rio). Le quart a hoquet parfois, qui peut annoncer un debut de mal de mer, mais ca passe generalement en chantant un peu. Bon, je m arrete la, vous allez penser que j abuse des quarts en barre…
Guillaume, pour l equipage de Tchuda Popka
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